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Jeevanthy a aujourd’hui 34 ans. Elle est mariée à Thomas et maman de deux fillettes, Priyanka et Alice âgées de 4 et 5 ans. Elle vit à Bangkok depuis un an après avoir passé 8 ans à New Delhi, elle est courtier en crédit immobilier. Petite fille, Jeevanthy a quitté le Sri Lanka en pleine guerre, un conflit qui allait s’éterniser jusqu’en 2009.
En France, elle a eu la chance de trouver le soutien dont elle et ses sœurs avaient besoin pour construire une nouvelle vie dans un monde aux antipodes de leur petit village de la péninsule de Jaffna. Si Jeevanthy a du mal à se souvenir avec précision des années, cela ne change rien à son histoire. Une histoire indissociablement liée à celle de ses sœurs, de ses parents, de sa famille comme en témoignent ses réponses dans lesquelles le ‘nous’ prévaut constamment sur le ‘je’.
Nous sommes en 1989. Jeevanthy a 8 ans. La guerre fait rage au Sri Lanka. Elle vit avec sa famille dans un petit village, Thunnalai, au nord de la péninsule de Jaffna. « Papa était maraicher et il vendait ses légumes à Colombo. Mais avec la guerre, ses allers et retours en camion devenaient dangereux avec la menace permanente d’être arrêté ou kidnappé » explique Jeevanthy.
Une seule solution : l’exil avec pour objectif, la France. C’est ainsi que Jeevanthy, ses deux sœurs, ses parents mais aussi une quinzaine de membres de la même famille ont fui en bateau pour rejoindre la côte sud de l’Inde. Il faudra encore deux ans avant que toute la famille s’envole pour la terre promise. Après une année à Chennai au Tamil Nadu, « papa est parti en France pour trouver du travail et un logement pour pouvoir nous accueillir ». « Nous avons encore passé une année à Mumbai, à attendre que papa ait accompli toutes les démarches » raconte Jeevanthy. Enfin, Gunan, le papa de Jeevanthy obtient le sésame pour l’arrivée des siens. « Le voyage coûtait cher », se souvient Jeevanthy, et « maman a du vendre tous ses bijoux en or » confie-t-elle. « Je me souviens qu’il y avait beaucoup d’excitation autour de ce départ. Pour nous, c’était une nouvelle vie qui commençait ».
« Ce fut un vrai soulagement que d’arriver en France, à Paris, et un vrai bonheur de retrouver papa à la Porte de Clignancourt. Il avait trouvé du travail dans un restaurant. Le lendemain de son arrivée, il faisait déjà la plonge. Ses patrons ont beaucoup aidé notre famille. Ce qui fait qu’au bout d’une année, nos 25m2 de la banlieue nord de Paris se sont transformés en une très belle maison de 80m2 avec jardin à Saint-Germain-en-Laye » raconte Jeevanthy.
Dès lors, Jeevanthy n’a qu’une obsession : étudier. « Nous avons avancé sans crainte, avec une vraie motivation, celle d’avoir mieux que ce que nous avions, celle de dépasser tous ces tragiques événements et de réussir ». L’enthousiasme et la détermination des trois filles ont sans aucun doute impressionné les enseignants car « tout le monde a été génial » raconte Jeevanthy avec émotion. « On nous a donné du temps», dit-elle, ce dont Jeevanthy et ses sœurs, Vishanthy et Pirasanthy avaient le plus besoin pour franchir la première barrière, celle de la langue. « Notre professeur principal avait organisé un cours de soutien pour nous trois. Chaque soir jusqu’à 19h30, Janine, une enseignante retraitée qui avait été professeur en Chine, était à la maison. Sa présence attentive, son soutien indéfectible de la 5ème au Baccalauréat nous ont été tellement précieux ! Et je me souviens même d’avoir fait une présentation du Sri Lanka en classe ! »
« Pour mes sœur et moi, la réussite scolaire était la priorité de notre vie » affirme Jeevanthy. « Tout simplement parce qu’elle nous donnerait toutes les chances de trouver un emploi. J’étais une bonne élève et à chaque fois que j’avais une bonne note, je me disais : tu progresses ! »
Tous les efforts déployés, à la hauteur du soutien dont les sœurs avaient la chance de bénéficier, ont porté leurs fruits. Son bac ES en poche, Jeevanthy s’orientera vers un DUT de commerce et vente avant un DESS de commerce international à l’INALCO.
« Nous avons eu une enfance paisible et vraiment joyeuse », raconte Jeevanthy. « Le dimanche nous partions en famille nous promener dans la forêt de St Germain-en-Laye . A la maison, nous étions toutes les trois, nous jouions et rien ne nous manquait » poursuit-elle. Même plus tard, « quand nous étions au collège, nos copines venaient chez nous mais nous ne ressentions pas le besoin d’autre chose comme d’aller en boom.»
Pendant ce temps, les parents de Jeevanthy, Gunan et Paranuthy, continuaient à avoir la tête et le cœur au Sri Lanka et ils l’ont toujours d’ailleurs « car il ne se passe pas une journée sans qu’ils parlent du Sri Lanka » raconte Jeevanthy. « A l’époque, mes parents étaient trop concentrés sur leur activité professionnelle et ils travaillaient beaucoup tous les deux, papa comme chef de cuisine pendant que maman faisait des ménages. Etant l’ainée, c’est moi qui gérais la fratrie. Nos parents n’avaient pas de loisirs, jamais de vacances. Lorsqu’ils rentraient à la maison, leur divertissement préféré était de regarder les programmes tamouls à la télévision et ça continue, du reste…»
« Aujourd’hui nos parents vivent toujours en France, bien entourés par la famille et ils n’ont aucune intention de revenir au Sri Lanka. Si les adultes vivaient la guerre au quotidien, moi, je l’ai vécue à travers les conversations de mes parents. Quand je dormais ou j’étais censée être endormie, je les entendais évoquer les horreurs du conflit mais, nous, les enfants, on ne vivait pas le drame en direct.»
« Mes parents sont devenus étrangement insensibles aux images » explique-t-elle « ça ne leur fait ni chaud ni froid », sans doute parce qu’à cette époque, « la guerre était là chaque jour, ils vivaient avec jusqu’à la considérer comme faisant partie d’une vie ‘normale’… »
Jeevanthy avoue ne jamais regarder un film sur les victimes de guerre. « J’en parle, j’agis » dit-elle, mettant ainsi en lumière son refus de rester passive quant aux drames qui ébranlent le monde.
« C’est mon mari qui m’a forcée à venir en vacances au Sri Lanka. Je suis revenue la première fois en 2011 avec Thomas et mes filles dans le petit village où je suis née près de Point Pedro au nord de la péninsule de Jaffna. Une tante et une cousine y vivent encore. J’avais l’impression que rien n’avait changé, que la modernité ne l’avait aucunement touché. Sauf que tout me paraissait petit… si petit. J’ai reconnu la rue principale, mon école, mon quartier, notre maison… il y 20 ans, j’étais là, je vivais là… et je n’avais que de bons souvenirs dans ce village. »
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