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Voir nos départs garantisDécouvrir les minorités et ethnies au Japon, c'est s’immerger dans une mosaïque culturelle souvent méconnue derrière l’image d’un pays homogène. Avec plus de 20 ans d'exploration et d'accompagnement sur le terrain, Shanti Travel vous propose un éclairage sur la réalité plurielle de l’archipel à travers son histoire, ses luttes, ses traditions et les défis contemporains auxquels font face ses différentes populations.
Les Aïnous forment un peuple autochtone du nord du Japon, principalement présent à Hokkaidô et historiquement sur les îles Kouriles et Sakhaline. Leur origine remonte à plus de 1000 ans, arrivés depuis l’Asie du Nord par les péninsules russes. Selon les légendes japonaises, ils auraient été les premiers habitants de l’archipel, dotés d’un aspect physique différent des Japonais modernes : cheveux et barbe fournis pour les hommes, tatouages rituels pour les femmes, tenues traditionnelles ornementales.
La culture aïnoue, fondée sur l’animisme, valorise la nature et les esprits (kamuy). Les cérémonies comme l’Iomante (cérémonie de l’ours) témoignent de la profondeur de ce lien spirituel. Les savoirs artisanaux – sculpture sur bois, broderies, vannerie – font l’objet d’efforts de préservation, tout comme leur langue, unique isolat linguistique, aujourd’hui très menacée (environ 300 locuteurs).
Après des siècles de marginalisation et de politiques d’assimilation, l’État japonais a officiellement reconnu en 2019 les Aïnous comme peuple autochtone, ouvrant la voie à une valorisation de leur patrimoine avec la création d’initiatives telles qu’Upopoy, musée et parc national à Hokkaidô. Néanmoins, cette reconnaissance légale reste récente : beaucoup d’Aïnous vivant hors Hokkaidô restent invisibilisés et l’enjeu de l’égalité réelle – accès à la santé, éducation, emploi, lutte contre la discrimination – demeure crucial. Voyager au nord du Japon, c’est donc aussi s’ouvrir à l’écoute de cette identité culturelle forte, entre maintien des traditions et expression moderne.
Le peuple Yamato constitue la majorité de la population japonaise et façonne depuis plus de deux millénaires l’identité nationale. Originaire de la région de Nara (l’ancienne province de Yamato), ce groupe s’est peu à peu imposé, fondant une société centralisée au IIIe-IVe siècle. Les mythes nationaux glorifient le Yamato et construisent l’imaginaire d’une homogénéité japonaise : la notion de "yamato-damashii" (l’esprit japonais) exprime les valeurs d’attachement au groupe, loyauté et harmonie sociale.
Du point de vue historique, cette unité s’est bâtie en assimilant ou marginalisant les autres peuples insulaires, notamment les Aïnous au nord et les Ryukyuens au sud. A l’ère Meiji, la centralisation et les politiques d’assimilation ont accentué la domination culturelle et administrative des Yamato, contribuant à rendre invisibles les autres identités ethniques. Aujourd’hui encore, ce récit d’unicité, bien qu’atténué par les réalités contemporaines, reste ancré dans l’imaginaire collectif japonais, alors même que subsistent et s’affirment des minorités aux traditions propres.
Les Burakumin illustrent la complexité sociale du Japon : ils ne forment pas une minorité ethnique, mais un groupe historiquement constitué à partir de métiers considérés comme "impurs" à l’époque féodale (bouchers, tanneurs, fossoyeurs, exécuteurs). Isolés dans des quartiers spécifiques (buraku), ils ont longtemps souffert d’une exclusion institutionnalisée.
Malgré l’abolition du système des castes à l’ère Meiji, les stigmates persistent : discriminations à l’embauche, au logement, mariages entravés, avec l’existence de registres clandestins répertoriant les familles issues de ces quartiers. Les Burakumin, physiquement indiscernables du reste de la population, recourent parfois au "passing" pour masquer leurs origines. La lutte pour la dignité et la reconnaissance a vu émerger des associations puissantes telles que la Buraku Liberation League. L’État a mis en œuvre une politique de réhabilitation (dōwa) et depuis 2016, une loi condamne officiellement la discrimination à cet égard, bien que l’intégration reste inégale. Les Burakumin rappellent ainsi que l’homogénéité prônée par le Japon reste une construction sociale et non une réalité vécue de tous.
Les Ryukyuens sont natifs des îles Ryukyu, dont Okinawa est la plus célèbre. Héritiers d’un royaume indépendant du XVe au XIXe siècle, ils maintiennent des particularités linguistiques (langues ryukyuennes, aujourd’hui sérieusement menacées), religieuses (culte ancestral, pratiques chamaniques), culinaires et artistiques qui les distinguent du Japon des Yamato.
L’annexion du royaume par l’empire japonais en 1879 a accéléré une politique d’assimilation : enseignement du japonais, suppression administrative des distinctions locales. Encore aujourd’hui, l’État japonais refuse de reconnaître officiellement les Ryukyuens comme une minorité distincte, les assimilant au groupe majoritaire, une source de tensions. Après la Seconde Guerre mondiale, la région fut sous administration américaine jusqu’en 1972, l’implantation de bases militaires U.S., imposée sans réelle concertation, cristallise un sentiment de dépossession et de méfiance envers Tokyo.
La préservation des traditions et de la langue, la lutte contre la standardisation culturelle et l’impact de la présence militaire structurent le quotidien des Ryukyuens. Leur situation met en lumière les frictions entre affirmation identitaire, politique d’assimilation et reconnaissance institutionnelle au Japon.
S’il existe diverses communautés d’immigrés au Japon, les plus nombreux sont les Coréens (Zainichi), héritiers d’une histoire douloureuse liée à la colonisation japonaise de la Corée (1910-1945), et les Chinois, aujourd’hui la communauté étrangère la plus importante numériquement. Ces populations, présentes essentiellement dans les grandes villes, affrontent encore des discriminations dans la vie quotidienne (emploi, logement, citoyenneté), et la reconnaissance officielle de leur statut particulier reste limitée. Cependant, elles enrichissent la culture urbaine japonaise par leur cuisine, leur dynamisme économique, leur musique ou leurs revendications identitaires.
À retenir
En voyageant au Japon avec Shanti Travel, vous aborderez une société qui, loin d’être monolithique, tisse une pluralité d’histoires, de langues et de traditions. Les minorités japonaises et étrangères témoignent de la permanence de cultures originales, parfois tenues à l’écart, souvent en quête de reconnaissance et de préservation. Les rencontrer et comprendre leurs enjeux contemporains, c’est enrichir votre expérience du Japon d’une profondeur humaine et historique peu accessible sans un guide expert.
Pour aller plus loin dans la découverte de la diversité japonaise, consultez également les différences culturelles au Japon et préparez un séjour sur-mesure au cœur des identités du pays.